12 Mar JOUER AVEC LES MOTS grâce à Shakespeare
2è ATELIER AVEC MARION SUZANNE > COLLEGE ANNE FRANCK > ÉLÈVES D’UP2A de Marie Roche
Jouer avec les mots grâce à Shakespeare…
Petruchio. Bonjour, Cateau ; car c’est votre nom, m’a‑t-on dit.
Catharina. Vous avez entendu, mais un peu de travers ; ceux qui parlent de moi me nomment Catharina.
Petruchio. Vous vous trompez, sur ma parole : car on vous appelle Cateau tout court, la bonne Cateau, et parfois la hargneuse Cateau, mais enfin Cateau, la plus jolie Cateau.(…) Cateau de la halle aux gâteaux, ma friande Cateau, car qui dit gâteau dit friandise. (…) J’ai été porté à te rechercher pour femme.
Et encore
Catharina., Les ânes sont faits pour porter, et vous aussi.
Petruchio. Les femmes sont faites pour porter, et vous aussi.
Catharina. Je ne suis pas la rosse qui vous portera, si c’est moi que vous avez en vue.
(…)
Petruchio. Allons, allons, ma guêpe, vraiment, vous vous irritez trop.
Catharina. Si je tiens de la guêpe, gare à mon aiguillon !
Petruchio. J’en serai quitte pour l’arracher.
Catharina. Oui, si un imbécile est capable de trouver où il est !
Petruchio. Qui ne sait où la guêpe porte son aiguillon ? Au bout de son corsage !
Catharina. Au bout de ses lèvres !
(….)
Petruchio. Mes lèvres trouveraient vite le vôtre ! Allons, revenez, je suis un gentilhomme.
(…)
Catharina. Quel est votre cimier ? une crête de coq ?
Petruchio. Un coq sans crête, pourvu que Cateau soit ma poule.
Catharina. Je ne veux pas de vous pour mon coq ; vous chantez trop comme un chapon.
On se dit qu’avec des élèves qui n’ont pas encore acquis le français, le travail sur les jeux de mots et les noms d’oiseaux, ça va pas être simple. Marie nous annonce que l’ambiance de la classe est un peu tendue, qu’il y a des disputes. Bon, soit le sujet leur permet de prendre un peu de distance, soit on jette de l’huile sur le feu.
Elle a commencé à déchiffrer le texte avec eux avant notre arrivée.
On démarre en expliquant que se chercher un peu querelle en lançant des piques, ça n’est pas forcément parce qu’on se déteste. Ils ont compris que ça pouvait être aussi une forme de « drague », on explique le mot et on se lance à la recherche de « paronomases » — sans employer le mot bizarre bien sûr – juste on travaille sur les sonorités et on cherche des mots : drague, dragon, dégrader, ce genre de choses. On écrit ce qu’on peut au tableau, ça fuse dans tous les sens et avec tout ça, on essaye de faire des phrases marrantes, rythmées, avec des doubles sens. Ça marche incroyablement bien, on n’a même pas le temps de tout noter, on efface, on repart.
On joue ensuite avec leurs propres prénoms. C’est un peu dangereux mais ça se passe très bien, ils ont compris le plaisir rythmique de la vanne, son côté ludique et le pur exercice de style. S’il y a un souci et que l’un d’entre eux est blessé, il peut toujours faire le signe du temps mort de l’arbitre qui signifie « je joue plus, ça ne me fait plus rire » . mais personne ne l’utilise.
On essaye ensuite le principe de la « battle » de vannes. On fait deux groupes. On enregistre. A l’oral, debout et de façon moins collective – il faut s’avancer — pour prendre la parole, c’est un peu plus compliqué. Mais certains maîtrisent déjà parfaitement le principe de la drague /vanne malgré la difficulté linguistique. On enregistre quatre ou cinq tentatives mais on n’insiste pas trop.
Puis on revient sur le travail de la semaine précédente, un peu long à expliquer…. ça sera pour une autre fois.
On enregistre aussi quelques chansons. Mohamed qui ne possède pas encore bien le français connaît des morceaux de rap dans un français finalement assez soutenu, son « flow » est incroyablement véloce. Ah ! quand on aime, la mémoire fait des merveilles ! Dunia nous chante aussi Donna Summer, j’ai les larmes aux yeux.
On a bien travaillé
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