Apparition de la lumière

« Au point du jour », in Cos­mi­co­mics, Ita­lo Cal­vi­no, ed. du Seuil, coll « Points », trad. Jean Thi­bau­deau, 1968 (1è publi­ca­tion 1963), pp. 32–33.

A un moment, l’obs­cu­ri­té fût obs­cure par contraste avec autre chose qui ne l’é­tait pas, c’est à dire la lumière.[…] Il en résulte qu’il y avait : 

pri­mo, le ciel noir comme tou­jours, mais qui com­men­çait à ne plus être tel ; 

secun­do, la sur­face sur laquelle nous nous tenions, toute bos­se­lée et croû­teuse, faite d’une glace sale à faire fuir, et qui se défai­sait rapi­de­ment parce que la tem­pé­ra­ture mon­tait à toute allure ; 

et, ter­tio, ce que plus tard nous appel­le­rons une source de lumière, c’est à dire une masse qui deve­nait incan­des­cente et qui était sépa­rée de nous par un vide énorme, et qui sem­blait essayer une à une toutes les cou­leurs, avec des tres­saille­ments variés. […]

petite illustration

Le plus dur était donc fait : le cœur de la nébu­leuse, en se contrac­tant, avait déve­lop­pé cha­leur et lumière, et main­te­nant il y avait le Soleil. Tout le reste conti­nuait à tour­ner là autour, par­ta­gé et agglo­mé­ré en divers mor­ceaux ; Mer­cure, Vénus, la Terre, quelques autres plus loin, et tout et tout. Et par-des­sus cela, il fai­sait une cha­leur à crever.[…]

Les rayons du Soleil étaient en train de brû­ler les enve­loppes des pla­nètes, qui étaient faites d’hé­lium et d’hy­dro­gène : dans le ciel, là ou devait être nos oncles, rou­laient des globes en feu qui traî­naient der­rière eux de longues barbes d’or et de tur­quoise, comme le fait de sa queue une comète.

L’obs­cu­ri­té revint. Et alors nous pen­sions que tout ce qui pou­vait arri­ver était arri­vé, et :

_ C’est bien la fin main­te­nant, dit la grand-mère, il faut croire les anciens.

Au contraire, la Terre avait tout juste fait l’un de ses tours quo­ti­diens. C’é­tait la nuit. Tout ne fai­sait que commencer.

L’as­tro­nome ama­teur Dr Den­nis Ros­coe a immor­ta­li­sé ses images de nébu­leuses à l’aide d’un téles­cope. Une nébu­leuse est un objet céleste com­po­sé de gaz et de pous­sières inter­stel­laires dont l’ef­fon­dre­ment gra­vi­ta­tion­nel serait à l’o­ri­gine des étoiles.

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QUIZZ
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